Société 2.0 -
Contrairement à ce qu'avaient annoncé dans un premier temps les autorités, les internautes chinois n'auront pas l'obligation d'installer le logiciel de sécurité et de censure Green Dam, développé pour le gouvernement. Ce dernier a fait marche arrière après le vent de révolte qui s'est levé sur la blogosphère chinoise, qui montre un réel pouvoir de pression.
Le logiciel devait officiellement bloquer les contenus pornographiques et violents, mais des utilisateurs ont découvert qu'il bloquait également des sites de discussions de communautés homosexuelles, qu'il bloquait la visualisation d'image de porcs parce que le système les confond avec des corps d'hommes ou de femmes nus, ou encore qu'il bannit tout site qui fait mention du groupe spirituel Falun Gong, un mouvement concurrent du Parti communiste chinois qui fait l'objet d'une répression sévère en Chine depuis 1999. Le logiciel ferait même planter les logiciels de traitement de texte lorsqu'une expression bannie comme "Falun Gong" est saisie.
L'annonce de l'obligation de pré-installer le logiciel sur tous les PC en Chine a fait l'objet d'une bombe chez les bloggeurs chinois, qui représentent une force très importante que les autorités ont de plus en plus de mal à maîtriser. Sur 298 millions d'internautes chinois, 162 millions seraient bloggueurs. Un avocat de Beijing, Li Fangping, a demandé au ministère de l'Industrie et des Technologies de l'Information de réunir une commission publique sur "la légitimité et la rationalité", et de nombreuses actions symboliques ont été menées par les bloggeurs chinois les plus influents.
Pour calmer les tensions, le gouvernement a indiqué à l'agence Associated Press que les Chinois n'auraient aucune obligation d'utiliser ou d'installer le logiciel. Il devra simplement être pré-installé par les vendeurs d'ordinateurs, qui pourront aussi choisir de le fournir sur un CD séparé. L'éditeur du logiciel a par ailleurs assuré qu'il était facile de le désintaller.
Le logiciel Green Dam a par ailleurs soulevé des polémiques au delà du problème de la censure ou de l'auto-censure qu'il implique. L'Université du Michigan a d'abord assuré la semaine dernière que le logiciel était buggé, et qu'il contenait "des vulnérabilités sérieuses de sécurité dues à des erreurs de programmation". Puis elle a affirmé que Green Dam contenait des bouts de code empruntés à CyberSitter, un logiciel de sécurité édité par une société américaine, qui se réserve le droit de porter plainte pour contrefaçon.
Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com
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