mercredi 30 mars 2011

Laïcité : les six religions se prononcent ensemble contre le débat


Source le parisien
Anne-Cécile Juillet | Publié le 29.03.2011, 18h26 | Mise à jour : 30.03.2011, 07h33
Mohammed Moussaoui (Conseil français du culte musulman), le cardinal André Vingt-Trois et Gilles bernheim, grand rabbin de France, ont cosigné une tribune remettant en cause les conditions du débat sur la laïcité. 
Mohammed Moussaoui (Conseil français du culte musulman), le cardinal André Vingt-Trois et Gilles bernheim, grand rabbin de France, ont cosigné une tribune remettant en cause les conditions du débat sur la laïcité.  | LP / MdM, Ph.L. et D.G.Zoom
Le ton est prudent et «sans aucun esprit polémique ou partisan», mais le message est clair. Les représentants des six grandes religions de France, réunis au sein de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF), désapprouvent la tenue du débat sur la laïcité tel qu’il est proposé à ce jour par le président de l’UMP, Jean-François Copé. 

Leur déclaration commune, dont «Le Parisien» - «Aujourd’hui en France» a eu connaissance, constitue une première pour le CRCF, fondé discrètement en novembre dernier. Pour l’heure, outre les représentants musulmans, seul le président de la Fédération protestante de France et le Grand Rabbin de France s’étaient prononcés publiquement sur le débat, prenant nettement leurs distances.

Catholiques (Mgr André Vingt-Trois), protestants (le pasteur Claude Baty), orthodoxes (le métropolite Emmanuel), juifs (le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim), musulmans (le président du CFCM, Mohammed Moussaoui) et bouddhistes (le révérend Olivier Wang-Genh) appellent d’une même voix à veiller «à ne pas dilapider ce précieux acquis» (la laïcité), et «pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation». «Le débat est toujours signe de santé et de vitalité. (...) Mais un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul ?»

Les religieux posent la question, sans y répondre directement. Mais en réclamant de ne pas ajouter «de la confusion dans la période trouble que nous traversons», et en affirmant que, déjà, les religieux de France militent «ensemble pour une laïcité de bonne intelligence», il ne fait aucun doute que pour eux, la réponse est non.


LA TRIBUNE DANS SON INTÉGRALITÉ : 

«Débat sur la laïcité ?
Sérénité, attention et réflexion appliquées, recommandent les responsables de culte !


La Conférence des Responsables de Culte en France a été créée le 23 novembre dernier et elle regroupe six instances responsables du Bouddhisme, des Églises chrétiennes (Catholique, Orthodoxe, Protestante), de l’Islam et du Judaïsme. Cette initiative est justifiée par la volonté d’approfondir notre connaissance mutuelle, par le sentiment de contribuer ensemble à la cohésion de notre société dans le respect des autres courants de pensée, et par la reconnaissance de la laïcité comme faisant partie du bien commun de notre société. 

La laïcité est un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble. Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis. Il nous parait capital, pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation.

Nous signons ensemble cette tribune sans aucun esprit polémique ou partisan. Une parole commune nous semble néanmoins nécessaire. Notre cohésion au sein de la Conférence que nous avons fondée, est significative dans notre société française. Elle a été rendue possible grâce notamment au climat de coopération instauré entre les religions, que la "laïcité à la française" et ses évolutions depuis plus d'un siècle ont permis.

Mais cette cohésion ne signifie pas pour autant uniformité ! Elle ne nous engage nullement en faveur d'un quelconque amalgame syncrétiste ou d’un nivellement de nos positions individuelles et celles des cultes que nous représentons. Nous travaillons ensemble dans la confiance, en intégrant nos histoires et identités respectives. Nous continuons à avoir des approches différenciées sur telle ou telle question, sans pour autant faire de nos différences des facteurs d'opposition. Nous sommes déterminés à réfléchir et à œuvrer ensemble sur la durée, en relation avec les autorités et les forces vives de notre pays, afin que le facteur religieux y soit un élément de paix et de progrès.

L'accélération des agendas politiques risque, à la veille de rendez-vous électoraux importants pour l’avenir de notre pays, de brouiller cette perspective et de susciter des confusions qui ne peuvent qu'être préjudiciables. Nous en sommes conscients. Cela ne doit pas nous dissuader pour autant de rappeler l'essentiel quand il le faut. Nous restons très attentifs aux évolutions profondes de notre société, notamment celles qui concernent les religions, dans le respect du cadre de la République. Ces évolutions appellent parfois des adaptations voire des améliorations du cadre juridique et règlementaire de l’expression et de la vie des cultes en France. Nous ne manquerons pas d’être une force positive de propositions dans ce sens.

Faut-il dans le contexte actuel un débat sur la laïcité ? Le débat est toujours signe de santé et de vitalité. Le dialogue est toujours une nécessité. Il a un rôle majeur dans une société libre, démocratique et respectueuse de la personne humaine. Mais un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul ? Ce ne sont ni les débats, ni les travaux qui manquent dans ce domaine ! La Loi 1905 est déjà plus que centenaire. Elle a permis d’apporter depuis lors des solutions à des questions nées de nouvelles situations et des évolutions de notre société dans un monde de plus en plus rapide. Tous les cultes adhèrent sans réserve à ses principes fondamentaux tels qu’ils s’expriment en particulier dans ses deux premiers articles. Mais les modalités d’application de ces principes restent toujours perfectibles. Faut-il recenser tous les colloques et autres séminaires qui ont abordé en long et en large la question de la laïcité et de ses applications dans notre pays depuis des années? Faut-il rappeler, dans la période récente, les travaux étendus et exhaustifs de la Commission présidée par le Professeur Jean Pierre MACHELON qui ont donné lieu à un rapport sur les « relations des cultes avec les pouvoirs publics » remis au ministre de l’intérieur le 20 septembre 2006 ? Ce rapport avait abordé d’une manière approfondie les différents aspects liés à l’exercice du culte en France dont celui du « support institutionnel » de son exercice dans notre pays. Faut-il rappeler de même les travaux du « Groupe juridique inter-cultes » qui travaille depuis 2007, dans le prolongement des recommandations du Groupe MACHELON, au sein du Ministère de l’intérieur, et où siègent des représentants des principaux cultes ? Ce groupe a bien fonctionné et a permis la publication de plusieurs circulaires dont la dernière, du 23 juin 2010, conjointe aux Ministères de l’intérieur et des finances, aborde d’une manière détaillée à l’attention des préfets, des directeurs départementaux des finances publiques et des trésoriers payeurs généraux, les différents aspects liés au « support institutionnel de l’exercice du culte en France » ? Faut-il rappeler aussi la production intellectuelle abondante d’articles et d’écrits divers, ainsi que les nombreux ouvrages qui paraissent sur l’histoire, les fondements, la pratique et les perspectives de la laïcité en France ? La liste en sera longue. Elle illustre parfaitement toute la richesse et la profondeur de notre expérience française de la laïcité. Nous y reviendrons lors de la rencontre publique que nous comptons organiser en octobre prochain.

Secouée par des crises à répétition, politique, économique, financière et morale, la période actuelle manque de lisibilité mais sans doute pas d’espérance ! Le devoir de ceux qui sont « en responsabilité » consiste à éclairer le chemin et à élaborer des solutions conformes au bien de tous. N'ajoutons pas de la confusion dans la période trouble que nous traversons. Nous militons ensemble pour une laïcité de bonne intelligence.

La laïcité n’est pas séparable des valeurs fondamentales que nous partageons, en particulier de la dignité et du respect de la personne humaine et de sa liberté inaliénable. Ces valeurs qui ne peuvent s’épanouir que dans la confiance mutuelle source de paix pour notre société.»

SIGNATAIRES :

Cardinal André VINGT-TROIS, président de la Conférence des Évêques de France
Avec Mgr Laurent ULRICH, vice-président de la Conférence des Évêques de France
Pasteur Claude BATY, président de la Fédération protestante de France
Avec le pasteur Laurent SCHLUMBERGER, membre du Conseil de la Fédération protestante de France, président du Conseil national de l’Église réformée de France
Métropolite EMMANUEL, président de l’Assemblée des Évêques orthodoxes de France
Avec le Métropolite Joseph, secrétaire de l’Assemblée des Evêques orthodoxes de France
Et Mr. Carol SABA, porte-parole de l’Assemblée des Évêques orthodoxes de France
Grand Rabbin Gilles BERNHEIM, Grand Rabbin de France
Avec le rabbin Moshé LEWIN, porte-parole du Grand Rabbin de France
M. Mohammed MOUSSAOUI, président du Conseil français du culte musulman
Avec M. Anouar KBIBECH, secrétaire général du Conseil français du culte musulman
Révérend Olivier WANG-GENH, président de l’Union bouddhiste de France
LeParisien.fr

mercredi 16 mars 2011

Japon : les kamikazes du nucléaire sacrifient leur vie

Des officiers des Forces japonaises d'autodéfense se préparent pour nettoyer une zone contaminée à Nihonmatsu, mardi près de Fukushima. CRédits photo: Kyodo/Reuters.
Des officiers des Forces japonaises d'autodéfense se préparent pour nettoyer une zone contaminée à Nihonmatsu, mardi près de Fukushima. CRédits photo: Kyodo/Reuters.

Ils seraient une cinquantaine de héros, dans des conditions folles, à jouer le tout pour le tout dans la centrale de Fukushima afin d'éviter la fusion du cœur des réacteurs.

Ce sont des héros. Ils jouent le tout pour le tout. Alors que le monde est actuellement confronté à la plus grande catastrophe nucléaire depuis celle de Tchernobyl en 1986, les salariés de la centrale de Fukushima, à 250 km au nord-est de Tokyo, seraient une cinquantaine à se battre. En temps normal, ils sont 800 à travailler sur le site. Mais une partie a été évacuée. La nuit dernière, ils ont bataillé sous la neige. Leur objectif: éviter à tout prix, et ce au péril de leur vie, la fusion du cœur des réacteurs, synonyme d'émanations radioactives importantes et dangereuses pour les populations avoisinantes.
Munis de combinaisons protectrices, ces hommes, qui sont de véritables sacrifiés, ont notamment pour tâche d'injecter de l'eau de mer dans le réacteur pour en refroidir le cœur. Mardi, le patron de l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) leur a rendu hommage. Ces personnels sont «exposés à des conditions folles», a-t-il confié. «Affreuses», disait même Thierry Charles, le directeur de la sûreté des installations de l'Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). À Tchernobyl, plusieurs dizaines de «liquidateurs» comme on les avait appelés, étaient morts, pour certains un mois après. Les plus irradiés étant ceux qui étaient intervenus les premiers jours et qui avaient survolé en hélicoptère le réacteur en feu.
À Fukushima, la situation est très préoccupante. La radioactivité a atteint des niveaux extrêmement élevés. Mardi, dans la salle de contrôle du réacteur 4, les doses étaient tellement fortes que les ingénieurs ne pouvaient quasiment plus travailler. Dans la nuit de lundi à mardi, un incendie s'est déclenché dans ce bâtiment contenant un bassin de rétention. Ce dernier abrite du combustible usagé, mais qui, faute de refroidissement, s'est mis à chauffer. Les salariés de Tepco, le géant de l'électricité qui exploite la centrale, ont dû effectuer des rotations dans la salle de contrôle pour limiter l'exposition à la radioactivité. Tepco a d'ailleurs annoncé mardi que quinze de ses «kamikazes» du nucléaire avaient été blessés. «Les doses peuvent même remettre en cause le fait de maintenir des travailleurs sur place, a expliqué Agnès Buzyn, la présidente de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français. On est inquiet pour leur capacité à tenir car la radioactivité a atteint des niveaux toxiques.»

Un choix volontaire 


Si un accident de ce type se produisait en France, des «intervenants en situation d'urgence radiologique» seraient prêts à intervenir. Plusieurs catégories de personnels sont concernées, en tout des centaines peuvent être mobilisables. Il s'agit d'abord des pouvoirs publics (les pompiers des cellules formées pour les risques radiologiques, Samu), des salariés des exploitants des centrales nucléaires (comme EDF), et enfin, des agents du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), de l'IRSN ou des fabricants comme Areva. «Ces personnels font l'objet d'un suivi médical spécifique avec un examen complet chaque année», rapporte Julien Collet, directeur de l'environnement et des situations d'urgence de l'ASN. «Ce ne sont pas des superhéros hollywoodiens, insiste-t-on chez EDF. Quand on travaille dans une centrale nucléaire, le travail en équipe fait partie du quotidien. L'entraide n'est pas un vain mot.» Dans chacun des 19 sites nucléaires français, des volontaires s'inscrivent pour être appelés en cas d'accident.
C'est devant le médecin du travail que les salariés d'EDF doivent dire s'ils se portent ou non volontaires pour les situations d'urgence. «C'est du volontariat, il n'y a aucune pression», assure-t-on chez EDF, où le terme de «liquidateurs» fait sursauter. Car «la loi encadre les choses, et dire que ce sont des liquidateurs signifie que ce personnel est sacrifié». En théorie, les interventions sont limitées dans le temps et les doses maximales sont clairement définies pour ces volontaires du nucléaire. À Fukushima, face à la réalité d'une telle catastrophe, rien ne permet de dire si de telles procédures ont été respectées.

lundi 7 mars 2011

Attaque informatique: l'Elysée et le Quai d'Orsay également piratés


Selon nos informations, Bercy n'a pas été le seul ministère touché, c'est tout l'appareil d'Etat français en relation avec le G20 qui a été hacké. Une opération probablement menée par un pays asiatique.
Selon nos informations, l’attaque informatique n’a pas touché uniquement les services de Bercy, mais aussi l’Elysée et le ministère des Affaires étrangères. Une révélation qui contredit la version donnée ce matin par Patrick Pailloux, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information.
Une source haut placée au ministère de l’Intérieur révèle à Libérationque les intrus ont «réalisé un ciblage parfait de tous les fonctionnaires préparant le G8-G20», non seulement «au ministère du Trésor, mais aussi à l’Elysée, aux ministère des Affaires étrangères et au niveau des instances européennes».
Ainsi, la présidence de la République a-t-elle été victime de détournements de documents liés à la préparation du G8-G20. Selon notre source ayant eu accès aux vérifications de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), «tout démontre qu’il s’agit  d’un espionnage et d’un pillage institutionnels, étatiques».

Piste chinoise

Et ce n’est donc pas l’œuvre d’hackers émoustillés par la seule perspective de percer la citadelle de Bercy.
La piste chinoise évoquée dans Paris-Match n’est pas forcément fausse «mais c’est plus compliqué», continue notre source: «En tout cas, ces intrus ne viennent pas de Bastia ou d’Estonie, ni de Russie». La grande majorité des documents appréhendés sont «repartis sur un continent, l’Asie».
Depuis qu’un soupçon d’attaque informatique du réseau du ministère de l’économie et des finances a été détecté «début janvier», Bercy a déposé une plainte contre X pour «intrusion dans un système de traitement de données informatiques» auprès du procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin. Celui-ci a aussitôt ouvert une enquête préliminaire -sous son autorité- et a saisi la DCRI qui a procédé aux investigations.
Ce matin, Patrick Pailloux déclarait à l’AFP que l’attaque informatique avait été conduite par des «professionnels déterminés et organisés». Et de préciser: «Nous avons procédé de manière extrêmement large dans l’administration française auprès de tous les services de l’Etat concernés par le G20. On a vérifié du côté de l’Elysée ou de Matignon et nous avons repéré des tentatives d’attaques là-aussi, mais aucune qui ait réussi.»

dimanche 6 mars 2011

2/03/11 - Marine Le Pen, les Arabes et la mer


Hervé Gattegno, rédacteur en chef au "Point", intervient sur les ondes de RMC du lundi au vendredi à 7 h 50 pour sa chronique politique "Le parti pris".



Vous réagissez à une phrase de Marine Le Pen, qui a proposé hier (sur RTL) que l'on repousse dans les eaux internationales les migrants venus d'Afrique du Nord et qui veulent entrer en Europe. Pour vous, cette proposition est révoltante - et le silence de la classe politique indigne.
Il faut peut-être mettre ce silence sur le compte de la sidération. Si l'on entend bien Marine Le Pen, il faut repousser en haute mer des personnes qui fuient leur pays, principalement la Tunisie et la Libye. Il faut les bloquer militairement - elle l'a précisé - et Marine Le Pen justifie cette position par la nécessité de ne pas creuser davantage nos déficits sociaux par ce qu'elle appelle "une vague d'immigration supplémentaire". C'est la traduction directe, premier degré, d'un slogan que même son père n'a jamais osé prononcer à voix haute : "Les Arabes à la mer !" Voilà, on en est là. Ce sont les mots d'une candidate à l'élection présidentielle qui approche 20 % dans les sondages. Et aucun responsable politique ne s'insurge. Les bras m'en tombent.
Peut-être que les responsables politiques se disent que Marine Le Pen leur tend un piège et qu'il vaut mieux l'ignorer ?
Si c'est l'explication, c'est grave. Parce qu'il me semble qu'en ce moment, on lance de "grands débats" pour moins que ça. Là, il ne s'agit pas de débattre, mais de dénoncer. De dire qu'il y a des choses qui ne sont pas acceptables - ou alors c'est qu'on les accepte. Personne ne peut imaginer qu'on enverrait à la noyade tous ces gens qui fuient des pays où règnent le chaos et la violence après la dictature. Personne, et Marine Le Pen le sait. Ce qu'elle cherche en le disant, c'est à provoquer une situation où elle serait seule contre tous, sur le thème de la défense des pauvres Français accablés de dettes à cause des méchants immigrés. Eh bien, je crois que sur ce point, et pour une fois, il faut lui donner raison. Et montrer qu'elle est, en effet, seule contre tous. Seule à proposer des solutions barbares à des problèmes qu'elle fait tout pour rendre effrayants.
Mais est-ce que beaucoup de Français ne s'inquiètent pas de la situation au Maghreb et de l'afflux d'immigrés qu'elle pourrait provoquer ? Nicolas Sarkozy aussi en a parlé, dimanche soir.
C'est vrai, mais il l'a fait en promettant de "protéger" la France, tout en disant aux Français de ne pas avoir peur. C'était assez contradictoire. La vérité, c'est que l'UMP veut montrer aux électeurs tentés par le FN qu'elle se préoccupe aussi de ces questions. Le problème, c'est qu'elle n'avance pas de propositions - et que la gauche n'en parle pas, sauf pour dénoncer l'attitude de la droite. L'exemple du pseudo-débat sur l'islam est typique : ce qui compte, ce n'est pas la réponse, mais la question. On postule que la religion musulmane serait un problème en France, alors qu'en réalité seul l'intégrisme pose des problèmes, et dans toutes les religions. Mais on le fait pour des raisons purement électorales, et surtout en le faisant, on légitime une vision qui relève du racisme. De la part de Nicolas Sarkozy, c'est une posture d'apprenti sorcier.
Après les appels à la vigilance d'Alain Juppé et de François Fillon, l'UMP a l'air de faire marche arrière...
Tant mieux, mais dans une certaine mesure, le mal est fait. C'est ce que Jean-Marie Le Pen appelait avec vanité la "lepénisation des esprits". Aujourd'hui, nous sommes dans la "marinisation" du débat. Alors Nicolas Sarkozy et l'UMP font du rétropédalage, mais toute leur attitude des dernières semaines donne l'impression que nos dirigeants politiques observent les révolutions arabes comme une menace, et non d'abord comme un formidable progrès. Ah, le monde était si tranquille quand régnaient les dictateurs...