lundi 7 février 2011

Révolte des magistrats. Un vieux contentieux avec sarkozy

France


Justicelundi 07 février 2011

Leur colère, face à leur mise en cause par le Présidentdans l'affaire Laëtitia, marque un nouvel épisode de tensions.
Ce serait « une espèce de point d'orgue à toutes les attaques dont le corps judiciaire a fait l'objet au cours de ces dernières années » (Éric de Mongolfier, procureur de la République à Nice) ; « la goutte d'eau »(Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats). Matthieu Bonduelle, pour le Syndicat de la magistrature, n'a « jamais vu un état de mobilisation pareil ».
Semaine agitée
Cette semaine va être agitée dans les tribunaux. Assemblées générales prévues un peu partout aujourd'hui. Appel à renvoyer toutes les affaires non urgentes jusqu'à vendredi. Journée nationale jeudi. Il s'agit de protester contre les accusations portées contre la police et la justice. Le président a parlé de « dysfonctionnements graves » lors de la remise en liberté sans suivi de Tony Meilhon, soupçonné du meurtre de Laëtitia Perrais. Ce n'est pourtant pas la première colère de la magistrature à l'encontre de Nicolas Sarkozy.
Ministre de l'Intérieur, déjà, il avait suscité un tollé : le juge qui avait remis en liberté l'un des meurtriers présumés de la joggeuse Nelly Crémel devait « payer pour sa faute », avait-il déclaré en 2005. L'année suivante, il avait reproché au tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, « une forme de démission » face aux délinquants.
Novembre 2007 : après son élection à la présidence, magistrats, avocats et greffiers manifestent contre la réforme de la carte judiciaire qui prévoit la suppression de plus de 300 juridictions. Quelques mois plus tard, en 2008, les services judiciaires et pénitentiaires sont mis en cause dans le suicide d'un mineur à la prison de Metz. En 2009, il est question de supprimer le juge d'instruction. En 2010, d'introduire des jurés populaires ¯ de citoyens ¯ dans les tribunaux correctionnels.
Ces relations tendues se sont nourries de l'utilisation d'expressions maladroites ou volontaires. En 2003, Nicolas Sarkozy, ancien avocat, avait qualifié le suspect Yvan Colonna de « l'assassin du préfet Erignac ». Les prévenus ¯ donc présumés innocents ¯ de l'affaire Clearstream avaient été désignés « coupables ». Abus de langage réitéré jeudi à propos de Tony Meilhon.

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