samedi 26 juin 2010

L’initiative de Villepin embarrasse l’Élysée

Source  l humanite.
Point de depart d une nouvelle guerre a droite?
Interressant de voir si un debat d'idee se deroulera, ou si ca restera un combat d homme

La création d’un mouvement à droite alternatif au sarkozysme est prise au sérieux par le chef de l’État qui a donné pour consignes de faire silence sur cette initiative qui peut peser lourd en 2012.
Le monde est dangereux, Sarkozy attise, retrouvons la voix de la France : telle est en substance le raisonnement de Dominique de Villepin, avec la création de son Mouvement République solidaire, d’inspiration délibérément gaullienne. La nouveauté est que « cette alternative » au sarkozysme vient au moment où l’actuel président est au creux de la vague dans l’opinion publique, et que pas mal de ses soutiens officiels commencent à douter.

retour à l’ancien régime
L’initiative politique est d’ailleurs prise très au sérieux par l’Élysée. La consigne du président en témoigne : pas un seul commentaire pour éviter de créer un buzz. Silence dans les rangs. Dans le cas où se silence serait impossible, les éléments de langage donnés sur un mode impératif consistent à minimiser la démarche. « Nous ne commentons pas cet événement minime du week-end, a ainsi déclaré le porte-parole adjoint de l’UMP, Dominique Paillé. Même son de cloche de la part de Frédéric Lefebvre : « La seule chose qui préoccupe les Français, c’est la question de la sortie de crise, et la question du sauvetage des retraites, nous ne nous laisserons pas détourner de ces objectifs. » Selon lui, « la question de 2012, qui que ce soit qui en parle aujourd’hui, est indécente ». Invité dans une émission de variétés, le conseiller spécial de l’Élysée, Henri Guaino, chargé de faire survivre une certaine idée d’un gaullisme soluble dans le sarkozysme, a nettement critiqué l’ancien premier ministre. « Je ne me reconnais pas du tout dans ce discours-là, je n’y reconnais ni ma conception de la République, ni ma conception de la nation, ni ma conception de l’État, ni les leçons que je tire du gaullisme. » Des paroles comme en écho à l’acte d’accusation dressé par Dominique de Villepin samedi, dénonçant le retour à l’Ancien Régime. « Je suis issu de la majorité. Mais comme une majorité de Français je ne me reconnais pas dans le discours, je ne me reconnais pas dans les décisions prises aujourd’hui par le gouvernement. »
L’embarras de l’Élysée vient certes de l’avènement d’une politique alternative à droite, reposant sur une vision théoriquement plus sociale, et aussi plus traditionnelle sur le rôle des marchés financiers. Mais l’initiative est aussi très politique. Elle vient compliquer la stratégie que peaufine Nicolas Sarkozy en manipulant François Bayrou pour des calculs électoralistes délicats. Dominique de Villepin, dans son opposition au sarkozysme qui est aussi une main tendue à tous les mécontents, vise en effet aussi un électorat Modem déçu par leur leader. Un pari pas impossible à tenir. En témoigne, samedi, lors du lancement du mouvement villepiniste, la présence de l’ancien ministre Azouz Begag, adhérent du Modem. « Villepin, c’est la classe », a-t-il dit. Il voit « un homme qui va réussir à gagner sans diviser les Français ».
Reste qu’une division à droite ne donne pas à son auteur un passeport pour la victoire. D’autant que l’opinion publique n’a sans doute pas oublié que Villepin est aussi l’inventeur du contrat première embauche, retiré sous la pression populaire. On en retrouve le principe dans ses propositions. Comme gage d’un vrai engagement à droite.
Dominique Bègles

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