jeudi 28 mai 2009

Source : http://www.lexpress.fr/

Droits de l'homme

Amnesty épingle les pays du G20 dans son rapport annuel

Par Jim Jarrassé, publié le 28/05/2009 08:00

Le rapport 2009 d'Amnesty International cible les pays du G20... mais n'oublie pas le reste du monde. Ici, des femmes et des enfants déplacés aux Philippines, en septembre 2008.

Amnesty International

Le rapport 2009 d'Amnesty International cible les pays du G20... mais n'oublie pas le reste du monde. Ici, des femmes et des enfants déplacés aux Philippines, en septembre 2008.

Une crise peut en cacher une autre... Dans son rapport annuel, qui sort ce jeudi, Amnesty International se penche sur les effets de la crise financière sur les droits humains.

A Londres, le 2 avril dernier, les pays membres du G20 se rassemblaient pour "refonder le capitalisme" et lutter contre la crise. Plus de 1000 milliards de dollars étaient débloqués afin de renflouer les caisses du FMI et de la Banque mondiale. Une rallonge conséquente qui n'est pas au goût de tous.

Dans son rapport annuel (voir la vidéo à la fin de l'article),Amnesty International s'insurge: "Les pays riches et puissants, qui disaient ne pas disposer des ressources nécessaires à la lutte contre la pauvreté, ont soudain trouvé des sommes infiniment supérieures pour voler au secours de banques à la dérive", écrit Irène Kahn, secrétaire générale de l'ONG. Elle réclame des moyens plus importants pour lutter contre "la crise des droits humains".

En août 2008, des femmes attendent des soins à Huancavelica, au Pérou, pays où le taux de mortalité maternelle est l'un des pires de la région.

Amnesty International

En août 2008, des femmes attendent des soins à Huancavelica, au Pérou, pays où le taux de mortalité maternelle est l'un des pires de la région.

Car pour Amnesty, soigner les maux du système financier ne peut suffire. D'après son rapport, le ralentissement économiques'accompagne d'un affaiblissement des droits de l'homme. La précarité augmente sur tous les continents: la Banque mondiale prévoit 53 millions de nouveaux pauvres cette année. L'exclusion et les inégalités sont renforcées, la xénophobie exacerbée.

Ce cocktail explosif favorise l'émergence de revendications, parfois violentes. Au Zimbabwe,en Tunisie ou au Cameroun, "ces protestations ont été réprimées par des Etats qui ne savent pas comment venir à bout des problèmes liés à la crise économique", assure Francis Perrin, porte-parole d'Amnesty International. 

Autre constat: les pays du G20, qui sont "responsables de la plupart des causes qui ont précipité la catastrophe" économique, ne sont pas des modèles en matière de protection des droits de l'homme. Alors qu'ils se doivent de "donner l'exemple", leur bilan sur l'année 2008 reste mitigé. L'avènement de Barack Obama aux Etats-Unis est aussi celui d'une "volonté politique" jusqu'alors inexistante, mais "tout reste à faire", précise Francis Perrin.

Septembre 2008: ces Sri Lankais fuient la zone de Kilinochchi, où l'armée régulière combattait les Tigres tamouls. Les heurts de ces derniers mois ont conduit quelque 300 000 réfugiés à se déplacer.

Amnesty International

Septembre 2008: ces Sri Lankais fuient la zone de Kilinochchi, où l'armée régulière combattait les Tigres tamouls. Les heurts de ces derniers mois ont conduit quelque 300 000 réfugiés à se déplacer.

Les autres leaders mondiaux doivent encore "adhérer aux valeurs universelles, regarder en face leurs propres bilans, peu reluisants, et en finir avec leur politique "deux poids, deux mesures" dans le domaine des droits humains". Principaux concernés: l'Arabie Saoudite, la Russie, et la Chine, dont "le système pénal souffre de graves dysfonctionnements". 

Amnesty voit dans la crise l'occasion rêvée de "stopper le mouvement de retrait de l'Etat de la sphère sociale et de redessiner un modèle de gouvernance plus soucieux des droits humains". Reste à savoir si les gouvernements sont prêts à saisir cette chance. Question de priorités.

La vidéo associée au rapport 2009 d'Amnesty International.

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